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Mon roi (Maïwenn)

Publié le par CHRISTOPHE LEFEVRE

Mon roi (Maïwenn)

Essayons de faire l’effort d’aborder Mon roi en faisant abstraction de la personnalité de Maïwenn. Ce dont a été incapable le chroniqueur du Monde, Jacques Mandelbaum, qui règle son compte au film en commençant sa chronique par ces mots, qui montre son incapacité à dissocier l’œuvre de son auteur (et de son milieu) : « On sait le passé à la fois douloureux, tumultueux et semi-mondain de la réalisatrice, la manière délibérée dont il informe sa création, la façon dont il brouille quelque peu une appréhension sereine de ses films. Enfant maltraitée, aînée d’une fratrie à l’abandon, mannequin, actrice de théâtre et de cinéma, ex-femme de Luc Besson, mère à dix-sept ans, auteure d’un spectacle de café-théâtre autobiographique hautement explosif, réalisatrice à succès : la vie de cette proche quadragénaire est un véritable maelstrom ». Une autre critique du Monde, Isabelle Régnier, lui attribue un zéro pointé, jugement évidemment totalement tendancieux, car revenant à contester toute qualité à ce film. Un ratage complet, où tout serait à jeter – mise en scène, scénario, interprétation, photographie, musique… – est somme toute assez rare. Ce n’est bien sûr pas le cas ici.

Mon roi est le portrait glaçant et lucide – me semble-t-il – d’un pervers narcissique et de sa victime. La caméra de Maïwenn, un peu comme celle de Kechiche pour La vie d’Adèle, suit ce couple avec une énergie folle, capte leur intimité avec beaucoup d’habileté, prouvant par là qu’elle possède un vrai style. Elle rend palpable les frémissements de cette passion dévorante et destructrice, les manipulations, la violence psychologique, tout en faisant ressortir, avec acuité, les ambiguïtés de cette relation. Il faut dire que la cinéaste est merveilleusement servie par ses deux principaux interprètes.

Le milieu dans lequel évolue le personnage de Vincent Cassel est certes irritant au possible. Mais on ne saurait faire le reproche à Maïwenn de ne pas le présenter dans tout ce qu’il a d’abject, de vil, de répugnant, de clinquant, de superficiel. Elle ne nous le vend pas. Elle le rend détestable. C’est pourtant son univers…

On peut en revanche trouver que le scénario, parfois, tourne en rond, avec quelques situations se répétant inutilement.

Bref, un film loin d’être indigne, prenant, touchant, douloureux, agaçant parfois, mais plein de vie.

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