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Au-delà (Hereafter)

Publié le par CHRISTOPHE LEFEVRE

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Synopsis
 
Marie Lelay (Cécile de France), journaliste française, passe ses vacances en Asie du sud avec son compagnon, Eric (Thierry Neuvic). A la veille de quitter le pays, tandis qu’elle se rend dans des boutiques pour acheter quelques souvenirs, elle est surprise par une vague gigantesque provoquée par un tremblement de terre sous-marin. Emportée par les flots, elle connaît une expérience de mort imminente, qui la bouleversera durablement… George Lonegan (Matt Damon) vit à San Franciso. Cet ouvrier a conservé d’une encéphalomyélite contractée dans sa jeunesse un pouvoir médiumnique qui l’empêche de tisser des relations sociales normales. Ce don encombrant sera même cause de l’échec de sa liaison amoureuse avec la séduisante Melanie (Bryce Dallas Howard), rencontrée à l’occasion d’un cours de cuisine… Marcus et Jason (Frankie et George McLaren) vivent dans une banlieue populaire de Londres avec leur mère (Lyndsey Marshal), dépendante à l’alcool est aux stupéfiants. Mais un jour, Jason est tué dans un accident de la circulation. Marcus est alors placé dans une famille d’accueil… Guidés par le même besoin de percer le mystère de l'au-delà, Marie, George, et Marcus vont voir leur destin se croiser… 
 
Fiche techniqueAu-dela---Affiche.jpg
 
Film américain
Année de production : 2010
Durée : 2h09
Réalisation : Clint Eastwood
Scénario : Peter Morgan
Image : Tom Stern 
Avec Cécile de France (Marie Lelay), Thierry Neuvic (Didier), Matt Damon (George Lonegan), Bryce Dallas Howard (Melanie), Frankie McLaren ( Marcus)...    
 

 
Critique 
 
Avec Au-delà, Clint Eastwood s’essaie au film choral, sous la forme d'un récit structuré en trois épisodes. Evacuons tout de suite la question de la partie parisienne, dont tout le monde, même les critiques les plus indulgents, s’accorde à reconnaître la faiblesse. Je ne serai donc pas très original en relevant moi aussi que le spectateur français se sentira sans doute gêner par la méconnaissance dont font preuve le réalisateur et son scénariste, Peter Morgan, à l’égard de la politique de notre pays. Mettre dans la bouche d'une journaliste responsable d’un magazine d’investigation d'une grande chaîne publique que personne n’a encore étudié la part d’ombre de François Mitterrand est de fait assez consternant (l’action se déroule en 2005). 
 
L’épisode anglais m’a en revanche davantage séduit. Sur certains blogs, j’ai lu qu’il était d’une sentimentalité dégueulasse ! Un reproche qui me semble un brin outrancier. Je ne vois en effet pas en quoi le sentimentalisme peut-être qualifié de dégueulasse. Le racisme, la vulgarité, sans doute. Mais là, je ne comprends pas. A la rigueur, cela peut être agaçant, ridicule... Quoi qu’il en soit, j’ai été sensible à l’évocation pleine de justesse de cet univers ouvrier et à l’interprétation des jumeaux et de leur mère à la dérive. 
 
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La partie américaine fait le lien entre les deux autres récits, grâce au personnage incarné par Matt Damon. Inégale dans son traitement, elle donne tout de même lieu à une très belle scène de dégustation à l’aveugle, joliment sensuelle, au cours de laquelle Bryce Dallas Howard se confie à George. Il est simplement dommage que leur relation ne soit pas davantage développée. 
 
D’un point de vue formel, Clint Eastwood fait montre une nouvelle fois d'une parfaite maîtrise, notamment à l’occasion de la reconstitution du tsunami, impressionnante, et de la séquence de panique dans le métro londonien. Le talent du cinéaste transparaît également dans des plans moins spectaculaires, plus intimes, mais tout aussi forts, tel celui où, après la mort de Jason, la caméra s’élève vers le ciel, comme dans Mystic river après la découverte du corps de Katie Markum. Si l'on devait mettre un bémol, tout juste soulignerait-on la théâtralité exagérée des flashs de George, qui auraient pu être rendus d’une manière plus subtile, ainsi que le caractère un peu conventionnel des représentations de l’au-delà, avec des silhouettes évanescentes immobiles dans un espace éclatant de lumière. 
 
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Certes, Au-delà n’occupera probablement pas une place majeure dans la très riche filmographie d’Eastwood. Ce film n’est pas pour autant aussi infâmant que certains se plaisent à l’affirmer. Il a du moins le mérite de prouver la cohérence de l’œuvre du réalisateur. Car on y retrouve des thèmes maintes fois abordés au cours de sa carrière (le poids du passé, la mort, le surnaturel…). De plus, il illustre avec beaucoup de tendresse le lien mystérieux unissant les vivants à leurs morts. Comme l’a noté Lee Chang-dong (l’auteur du très beau Poetry) lors du dernier festival de Toronto, Au-delà est un film apaisant, qui prend le contre-pied de tous les principes du cinéma hollywoodien d’aujourd’hui. 
 
Ma note - 2/5
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