Le soldat dieu (キャタピラー)
Synopsis
Kyuzo Kurokawa (Shima Ohnishi), lieutenant de l’armée impériale japonaise, est renvoyé dans son village après avoir combattu en Chine. Couvert de médailles, il est célébré comme un héros par la population, qui l’élève au rang de dieu vivant. Mais sa femme, Shigeko (Shinobu Terajima), doit affronter une terrible réalité : celle d’un mari ayant été amputé de ses quatre membres…
Fiche technique
Film japonais
Année de production : 2010
Durée : 1h25
Réalisation : Kôji Wakamatsu
Scénario : Hisako Kurosawa, Masao Adachi
Image : Yoshihisa Toda, Tomohiko Tsuji
Avec Shima Ohnishi (Kyuzo Kurokawa), Shinobu Terajima (Shigeko Kurokawa), Keigo Kasuya (Tadashi Kurokawa), Emi Masuda (Chiyo Kurokawa)...
Critique
Ce film comporte deux niveaux de lecture. Il est tout d’abord un manifeste contre la guerre, à la manière de Johnny got his gun, de Donald Trumbo. Cependant, là où le réalisateur américain aborde avec pudeur les mutilations de Joe Bonham, Koji Wakamatsu n’élude rien des infirmités de son personnage. Un choix empreint de radicalité, finalement assez cohérent avec le reste de l’œuvre de cet ancien yakuza, mais qui paradoxalement enlève de la force à son propos antimilitariste. En effet, malgré son économie de moyens, l’expérience que nous fait vivre Trumbo, en nous faisant ressentir de l’intérieur la torture mentale de son héros, est infiniment plus éprouvante que le spectacle de la déchéance physique de Kurokawa, aussi cru et choquant soit-il.
Ce voyeurisme n’a toutefois rien de gratuit. Car en s’attardant sur les détails les plus dérangeants des blessures de Kurokawa (et sur leurs conséquences), Wakamatsu renforce le sentiment de dégoût que suscite la nature vile de ce personnage, incarnation parfaitement abjecte des valeurs traditionnelles de la société japonaise, dont la plus odieuse est la soumission absolue de la femme à son mari. Les hommes (japonais) ont usé sans honte de violence sur leur femmes, explique le cinéaste dans le dossier de presse. Ils ont considérés celles-ci comme de simples usines à satisfaire leur appétit sexuel et comme machines à faire des enfants. Dans la société japonaise, ce genre de relation entre les hommes et les femmes est considéré comme normal.
On sera tout de même surpris par le sentimentalisme final, qui s'exprime sous la forme de séquences assez invraisemblables, où la conscience de Kurokawa, soudain ranimée, est torturée par le souvenir des Chinoises qu’il a violées, et d'un générique illustré par une chanson de Hajime Chitose, Shinda onna no ko (littéralement Petite fille morte), en complet décalage avec le reste du film.
Ma note - 3,5/5
Commenter cet article